Parc de Lorraine : S.O.S. grenouilles en danger !

Par une belle nuit de printemps, un homme transporte des seaux débordants de crapauds en pleine forêt. Rituel étrange , méfait de la pleine lune ?  Vous n’y êtes pas du tout…. Laurent Godé, botaniste et naturalistes, se charge de la protection des amphibiens au Parc naturel régional de Lorraine.

A la saison des amours, crapauds, grenouilles, salamandres et autres tritons parcourent jusqu’à 3,5 km pour s’unir et pondre leurs œufs au bord des étangs où ils sont eux-mêmes éclos. Lorsque ce parcours traverse une route, le périple amoureux peut tourner à la tragédie.

La Lorraine, riche en marais et n étangs, compte près de 25 sortes d’amphibiens dont une vingtaine sont représentés dans le Parc: le triton crêté, les crapauds verts, sonneurs, l’alyte ou crapaud accoucheur, la rainette, la grenouille rousse, la salamandre… Cette diversité reflète parfaitement les nombreux microclimats de la Lorraine, qui se situe au confluent des influences méditerranéenne, polaire et océanique.

Le saviez-vous ?

  • Le crapaud accoucheur est ainsi dénommé parce qu’il aide sa femelle à expulser les œufs, qu’il fécondera à leur sortie. Il les attrapera ensuite avec ses pattes et les portera sur son dos durant près d’un mois, jusqu’à l’éclosion des têtards.
  • Jadis, les seigneurs accordaient le droit de grenouillage, qui autorisait le ramassage des grenouilles, mais imposait,en retour, la corvée de battage : il s’agissait de faire taire les coassements en battant les douves autour des châteaux pour assurer aux maîtres un sommeil tranquille…

Le Parc, toujours soucieux d’impliquer les habitants de ses 205 000 ha dan la protection de l’environnement, a décidé de faire participer les enfants au sauvetage des batraciens des étangs de Ronval et de la forêt de la Reine.

Trois classes d’écoliers ont contribuer à poser 100 m de grillage de part et d’autre de la route et à enterrer des seaux tous les 20 m. Les batraciens , bloqués dans leur avancée, tombent forcément dans les pièges. Il suffit alors de transporter les seaux de l’autre côté de la route pour assurer aux bestioles une migration sans danger.

Le Parc et la Région ont édité un petit manuel des batraciens qui remet quelques pendules à l’heure:

  • non, le crapaud n’est pas le mari de la grenouille
  • la salamandre, elle, avec sa tendre peau noir et orange ne résiste absolument pas aux flammes
  • les tritons ne sont ni des poissons ni des reptiles, mais des urodèles, c’est-à-dire des batraciens avec une queue, tandis que les grenouilles et les crapauds, qui sont dépourvues de queues, appartiennent à la famille des anoures.

Les mœurs des hôtes méconnus des étangs s’avèrent passionnantes. Ainsi, l’accouplement des crapauds dure 24 heures. Les femelles enroulent ensuite leurs traînées d’œufs autour des joncs.

La grenouille, elle , laisse flotter librement ses quelques 3 000 à 10 000 œufs, dont l’essentiel fera la joie des canards, des poissons et des larves de libellule . Une infime partie du frai deviendra têtard, une part plus réduite encore, de petites grenouilles.

Les tritons plient délicatement les feuilles pour y coincer leur œufs; quant aux salamandres, elles sont ovovivipares: elles pondent des têtards aquatiques qui, à l’âge adulte , ne sauront plus nager. Sauf accident, ces petits bijoux mordorés, bleutés, tachetés, peuvent vivre trente ans. De nos jours, la population des amphibiens est en recul. Il est d’autant plus important d’apprendre à les inventorier.

Accompagnés des techniciens du Parc, les enfants découvrent que le crapaud sonneur a la pupille en forme de cœur et le pied palmé, tandis que l’alyte accoucheur présente la prunelle d’un chat et quatre doigts aux pieds avant.La grenouille des champs a le dos bleu, la grenouille agile, le ventre blanc…

Sur la route des musées :

Sur le territoire du Parc, une douzaine de petits musées racontent l’histoire d’une région agricole et forestière trop souvent ravagée par les guerres. A Lucey, la Maison de la Polyculture retrace la culture du houblon, du raisin et des céréales le long des coteaux de Toulois.

La Maison des Arts et  Traditions de Hannonville-sous-les-Côtes montre la vie d’une famille de vignerons au XIXème siècle. Ville-sur-iron a aménagé une promenade balisée permettant de découvrir la structure d’un village lorrain.

Vic-sur-Seille s’enorgueillit de son musée d’Art et d’Histoire, qui expose les œuvres d’un enfant du pays, George de la Tour. La Maison de l’Histoire et de la Terre, à Gorze, évoque son abbaye bénédictine du VIIIème siècle…

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